Chronique du 19e siècle

1. La coalition attaque Bayonne - 1813

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1. La coalition attaque Bayonne - 1813

Extrait du livre de Jean Baptiste Bailac, Nouvelle chronique de la ville de Bayonne, par un Bayonnais, imprimé chez Duhart- Fauvet,Bayonne,1827,p366 bis.

On embossa au milieu de l'Adour, un peu au dessous du poste avancé de Sabalce, une corvette de vingt-quatre canons, nommée la Sapho , pour battre de revers et d'écharpe les bords et tout le terrain en avant de l'inondation, ainsi que les postes avancés et la digue. On avait armé également vingt chaloupes canonnières, portant chacune quatre canons de 18 et de 24. Six de ces chaloupes mouillèrent à portée de la Sapho , pour soutenir et fortifier son feu. Six autres allèrent joindre au Boucau un petit bâtiment de douze canons, appelé le stationnaire, chargé d'observer la rive gauche, et d'interdire l'entrée de la rivière à tous les petits bâtimens. Le 23 février, à sept heures et demie du matin, l'ennemi démasque une batterie de sept bouches à feu de gros calibre, qu'il a élevée sur la rive gauche de l'Adour, au fond de l'anse de Blancpignon. Le feu de cette batterie se dirige sans interruption, au descendant de la marée, contre la Sapho , qui, prise dans le sens de sa longueur et en partie d'écharpe, ne peut riposter un seul coup avec avantage, ni remonter l'Adour. Le capitaine Ripaud, brave officier, qui s'est distingué dans l'Inde, est blessé mortellement, et meurt peu d'heures après. Treize hommes de l'équipage sont tués, beaucoup d'autres blessés plus ou moins grièvement. C'est à midi et demi seulement que ce malheureux bâtiment rentre à la remorque dans l'intérieur du port. Les six chaloupes canonnières ont échappé à leur destruction en gagnant la rive droite. En vain, dès le commencement de l'action, les redoutes des Fusiliers et de la Pointe supérieure, la batterie basse de l'Adour, les batteries du bastion de la citadelle, et de la contre-garde en avant, ont réuni tous leurs feux contre l'ennemi ; celui-ci est hors de portée, ou couvert par d'épaisses dunes. En même temps, d'innombrables fusées à la Congrève sont lancées en partie sur la ville, qu'elles ne peuvent atteindre à cause des vents contraires, en partie sur le parc de la marine, où elles ne causent aucun dommage, quoique cet établissement regorge de matières combustibles. Dans la matinée du même jour, le canon tiré au Boucau annonce une autre attaque. En effet, quelques barques légères, venues de Biarritz, de Bidart et de Saint-Jean-de-Luz, débarquent des troupes sur la cote nord, tandis que d'autres embarcations traversent la rivière entre la tête des jetées en maçonnerie et la mer. En vain les six chaloupes et le stationnaire essaient de contrarier ces opérations. Sur les cinq heures de l'après- midi, deux bataillons sortent de la citadelle pour attaquer l'ennemi, qui avait déjà réuni plus de 6.ooo hommes sur la rive droite. Après une escarmouche assez vive, et une perte d'environ 2oo hommes, ces deux bataillons profitent de la nuit pour se retirer. Les chaloupes canonnières, dont une avait sauté par accident, et le stationnaire, regagnent le port en même temps. Pendant la nuit du 23 au 24, l'ennemi continue à débarquer des troupes sur la rive droite de l'Adour. Elles se répandent autour de la citadelle, et occupent tous les débouchés qui y conduisent. Dans l'après-midi, les grandes routes de Toulouse et de Bordeaux sont interceptées par des postes de cavalerie. Néanmoins le courrier de la malle, expédié ce jour-là de Bayonne pour Bordeaux, parvient à suivre sa destination. Le soir, l'investissement de la place est effectué de tous les côtés par une armée d'environ 3o,ooo hommes.
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